Régulation de l’intelligence artificielle: Un défi aux multiples facettes

L’intelligence artificielle (IA) a pris une place importante dans notre société, et sa progression ne semble montrer aucun signe de ralentissement. Ces technologies, notamment les IA conversationnelles, sont aujourd’hui principalement sous le contrôle d’entreprises bien établies. Toutefois, les dangers de l’IA non régulée se manifestent déjà, notamment avec l’apparition de dérives, comme le site www.zemmour.chat, qui utilise une IA paramétrée pour diffuser des idées nationalistes en France.

Les entreprises et la régulation de l’IA

La confiance accordée aux entreprises pour réguler elles-mêmes leurs IA, en signant des engagements de respecter l’éthique et de ne pas nuire à l’humanité, peut sembler insuffisante. Actuellement, bien que de nombreuses entreprises basées en Occident adhèrent à des codes de conduite, il ne faut pas oublier que l’IA est développée à travers le monde par divers acteurs. Prenons l’exemple de la Russie, où des entités pourraient très bien développer et paramétrer des IA conversationnelles pour diffuser de fausses informations sans qu’aucune régulation extérieure ne puisse interférer. De même, des pays comme la Chine ou des régimes plus isolés, comme la Hongrie, pourraient choisir d’utiliser l’IA à des fins qui ne seraient pas conformes aux normes éthiques internationales.

Diversité de philosophies et défis de la régulation globale

Il est important de réaliser que le monde est composé d’une riche diversité de philosophies et de cultures. Considérer qu’il n’y a qu’une seule vérité universelle, souvent celle de l’Occident, est une erreur. Prenons par exemple les djihadistes qui, dans leur combat, sont convaincus de la justesse de leur cause. De même, des leaders comme Vladimir Poutine sont persuadés de la légitimité de leurs actions, comme lors de tentatives de réhabilitation de l’ancienne URSS. Ces exemples illustrent qu’il existe de multiples perceptions de ce qui est juste ou vrai. Dans ce contexte, comment est-il possible d’établir une régulation globale de l’IA qui soit respectueuse des diverses philosophies?

Les solutions de régulation proposées par l’Europe et les États-Unis peuvent sembler autocentrées. La question de la régulation de l’IA devient donc non seulement une question de législation, mais aussi une question de respect et de compréhension des diversités culturelles et philosophiques.

Éducation et esprit critique

Face aux défis de la régulation, il est essentiel de promouvoir l’éducation et l’esprit critique. Apprendre à identifier des idées cachées dans des textes et des conversations, et maintenir un esprit critique face à des argumentaires bien construits, devient vital.

Une vision pessimiste : l’urgence d’agir

Malgré la meilleure volonté du monde, il est probable que nous ne puissions jamais totalement contrôler cette technologie. Les dérives actuelles, telles que l’utilisation de l’IA pour diffuser des idées extrêmes, ne sont peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Dans un futur proche, nous pourrions assister à des avancées en IA qui pourraient être catastrophiques si elles tombent entre de mauvaises mains. L’idée d’une armée de robots, équipés d’IA avancées et d’armes, n’est plus de la science-fiction. On pourrait imaginer des scénarios à la “Terminator”, où des robots, plus rapides et plus efficaces que les humains, seraient déployés dans des conflits armés par différents acteurs internationaux. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est la possibilité que ces machines agissent sans contrôle humain, suivant les directives d’une IA sans restriction éthique.

En outre, la question des biais algorithmiques doit être prise très au sérieux. Les IA pourraient être influencées, intentionnellement ou non, par des valeurs culturelles spécifiques, et propager des idées et des philosophies qui ne reflètent qu’une petite fraction de la diversité humaine. Ceci est extrêmement dangereux, car cela pourrait contribuer à un appauvrissement de la pluralité des pensées et des cultures.

Il ne faut pas non plus sous-estimer la capacité des IA à générer de nouvelles connaissances. Si elles sont laissées sans surveillance, elles pourraient créer des informations ou des concepts qui, bien que nouveaux, ne sont pas nécessairement bénéfiques ou éthiques. Leur capacité à travailler avec des données génétiques, par exemple, pourrait ouvrir la voie à des expérimentations qui défient notre compréhension de la vie.

Conclusion

La prise de conscience des risques liés à l’intelligence artificielle est cruciale, mais elle n’est qu’un premier pas. Il est de plus en plus évident que la régulation de l’IA sera insuffisante. La nature décentralisée et l’évolution rapide de cette technologie rendent presque impossible son contrôle absolu. Nous devons nous préparer à un monde où l’IA, avec toutes ses potentialités et ses dérives, sera omniprésente.

Les projections optimistes sur l’avenir de l’IA cèdent de plus en plus la place à un réalisme sombre. Il devient impératif de réfléchir non seulement à la façon de réguler l’IA, mais aussi à la manière dont nous, en tant qu’individus et sociétés, pouvons nous adapter et réagir face aux dérives inévitables qui se produiront.

Cela pourrait signifier développer de nouvelles compétences et stratégies pour faire face à un monde où l’IA peut être exploitée à des fins malveillantes. Par exemple, apprendre à désactiver ou à contrer une IA qui opère à travers un robot, développer des outils de brouillage pour perturber les communications d’une IA malveillante, ou même revenir à l’utilisation d’outils non connectés pour se prémunir contre certaines formes de cyberattaques.

Il est important de reconnaître que, dans certains cas, le combat contre les dérives de l’IA ne sera pas seulement technologique, mais aussi idéologique et éthique. Tout comme la société s’est adaptée à la présence de littérature dangereuse, comme “Mein Kampf” d’Adolf Hitler, qui nécessite une approche éducative pour comprendre et contrecarrer son contenu, nous devrons éduquer les générations futures à rester vigilantes et critiques face aux informations et influences véhiculées par les IA.

En somme, nous devons nous préparer à un avenir incertain, et peut-être tumultueux, où l’intelligence artificielle jouera un rôle de plus en plus important dans tous les aspects de notre vie. L’optimisme doit céder la place à la prudence et à la préparation. Nos efforts collectifs pour anticiper, comprendre et nous adapter aux défis à venir seront cruciaux pour naviguer dans les eaux troubles de l’ère de l’intelligence artificielle.